Sur les pas de saint Hubert
« Le moment où nous croyons que ce que nous appelons le bonheur va être enfin saisi, le premier regard sur la terre merveilleuse, cette minute où par-dessus les hautes herbes seules sur l’horizon se devine l’immense abîme de la vallée promise. Le bonheur est là avant le moment où nous croyons y entrer. »
Jacques Rivière
(Durbuy, 1875-Waulsort, 1946)
On retrouve ici toute la palette du peintre de Durbuy.
Sa naissance dans ce village l’a amené à le représenter sous différents aspects.
L’intérêt de cette œuvre réside certainement dans la complétude des caractéristiques de l’artiste.
Ici, chacune se voit évoquée.
Tout d’abord, son amour pour les fermes se trouve ici mis au grand jour. L’ambiance se veut agricole.
Ensuite, les nuages accompagnent toute son œuvre. On les voit magnifiés. Ils participent à une atmosphère paradoxale, à la fois lourde et paisible, en ce ciel d’été.
Dans le visage éreinté du palefrenier, on pourrait imaginer les mêmes sentiments opposés. Tout comme son cheval, il est en paix, lui aussi, mais que la misère de la vie lui pèse … Notre peintre aime tant représenter ces figures d’Ardenne.
Cette scène représente donc à elle seule l’ensemble du travail de cet artiste dont on parle jusqu’au musée d’Orsay. En 1928, lors de sa participation au salon des artistes français à Paris, on le surnomme d’ailleurs le Millet belge. La Wallonie peut se réjouir d’avoir dans son histoire ce passionné qui a pu immortaliser le monde paysan de son temps.
Enfin, Louis Loncin pourrait être appelé le peintre des chevaux. Sans cesse, il les glorifie, en particulier ceux de trait et de labour. Cela démontre l’intérêt conjugué du peintre pour les mondes de l’agriculture et de la forêt.
Par son travail dévoué à la vie rurale d’Ardenne, ses hommes, ses femmes, ses églises et ses chevaux, il a suivi les pas de Saint-Hubert, Patron des chasseurs mais aussi et surtout évangélisateur de l’Ardenne.
Julien GOIJEN