Sur les pas de saint Hubert
« Le cor résonne au fond des grands bois !
Déjà des chiens retentit la voix
Sonnez, sonnez, piqueurs, la chasse du seigneur… »
Joseph Dejardin

Huile sur toile
DEBRUS Alexandre (Spa, 1843-1905)
Pigeon biset, grive et rouge-gorge. Leurs morts animent ce tableau de la fin du 19ème siècle. Une scène d’un autre âge ?
La tenderie aux grives était encore autorisée jusque 2021 dans les Ardennes françaises, à la frontière belge. Au moment de la migration, de mi-septembre jusque mi-novembre, les tendeurs y posaient leurs pièges. Cette tradition daterait de l’époque préhistorique. Elle consistait à capturer l’oiseau au moyen de collets (lacets) faits en crin de cheval. Il existait deux méthodes : à la branche avec des baies de sorbier ou à terre.
Dans nos campagnes, la pratique prend fin en 1968. Elle se transmettait de père en fils et souvent dans les milieux simples. Les différentes grives et autres merles étaient les espèces principalement convoitées. Nivezé, Creppe ou Winamplanche constituaient des haut-lieux de cette tradition séculaire. A la lueur de l’aube, les tendeurs se donnaient rendez-vous sur leurs postes de passage, genièvre à la main.
Entre les deux guerres, la pratique fut réglementée afin de limiter son aspect commercial. Les petits oiseaux étaient vendus dans les grandes villes et se retrouvaient dans les assiettes des meilleures tables verviétoises, liégeoises et même bruxelloises. Un véritable met de roi ! A Spa, les magasins de gibier vendaient ce trésor venu du ciel.
Alexandre DEBRUS fut exposé en 1876 à Philadelphie. On a aussi découvert un coffret en loupe de bois à décoration florale signé de sa main à la Villette à Paris. Cette scène à caractère local est donc l’œuvre d’un artiste dont la renommée internationale à l’époque était bien réelle. L’emblème de son existence se trouve dans la rose qu’il caresse lors de chaque coup de pinceau. Pour cette raison, on l’appellera « Peintre des roses » à tout jamais.
Les chrysanthèmes en arrière-plan, aux tons légers, sont les plantes de la Toussaint par excellence. On les offre pour fêter l’achèvement d’un amour. Un hommage à une tradition millénaire qui n’a pas trouvé sa place dans notre monde moderne.
Julien GOIJEN