Au bureau - Pièces d'exception
« Richard Heintz a toujours fait des allées et venues entre Sy et Liège, moi aussi. »
Jacques Goijen

Heintz, peintre de la Wallonie
Tout d’abord, il semble important de commencer ce texte par une précision quant à l’aire d’action de Richard HEINTZ. En effet, Jules BOSMANT le qualifie de « peintre de l’Ardenne ». Cette appellation, largement reprise, peut se voir étoffée. Par cette scène, le peintre montre qu’il est aussi celui de la Calestienne, cette région géologique de Belgique, débordant légèrement en territoire français, caractérisée par ses sols calcaires et dont le village de Lesse fait partie. Cette affirmation se confirme par le fait que les rochers de Sy se trouvent aussi à l'extrémité orientale de cette même région géologique.
Au-delà de cette considération géographique, ce tableau trouve surtout son intérêt dans le fait qu’il possède trois caractéristiques propres à l’impressionnisme du Maître de Sy.
Le plein air
La première qualité de cette œuvre provient de la peinture en plein air : couleurs et lumière se confondent avec le paysage. L’ambiance est captée directement par notre Maître. Ses peintures réalisées sur le vif, en extérieur, le caractérisent bel et bien. Cette pratique existe dès le 18ème siècle. Des peintres venus d’Europe affluent à Rome et peignent dehors. Cependant, le motif est capturé sur le moment uniquement afin d’en faire des esquisses. On pense par exemple à Corot (l’ami de GJ CREHAY) qui réalise ses études et termine ses peintures en atelier. A la fin du 19ème, lors de l’arrivée des tubes de peinture, les peintres vont enfin pouvoir se déplacer plus aisément avec leur matériel.
La sensation du moment
On considère aussi Richard HEINTZ comme impressionniste par sa recherche de sensation du moment. Dans la litière de cette hêtraie calcicole, on devine un léger sentier qui mène vers une grume. Alors que l’absence de personnage magnifie la nature, ces traces de pas suggèrent une rencontre : celle d’un discret bûcheron.
Le panthéisme
Tout le travail du Maître de l’école liégeoise converge donc vers panthéisme. La création guide ses pas. Les seules personnes tolérées sont celles qui vivent la nature, dans le silence et la discrétion.
Conclusion
Cet instant hors du temps constitue exactement l’opposé du monde connecté, une ode à la réclusion et à l’isolement. La protection de la canopée et la légèreté du sous-bois diminuent la pression du monde extérieur. Cette œuvre nous invite à sortir des sentiers battus. Elle nous propose de nous protéger sous le couvert forestier pour nous préparer à emprunter un chemin de lumière…
Julien GOIJEN