Sur les pas de saint Hubert
ANNÉE DE JUBILÉ 2025
« De Liège à Andage, saint Hubert contamine le peuple de la rage de la foi »
« Vous m’offrez la cité, je préfère les bois ;
Car je trouve, voyant les hommes que vous êtes,
Plus de cœurs aux rochers, moins de bêtise au bêtes. »
Victor Hugo

L’artiste
Joseph Reymen
Neveu du prêtre Nestor REYMEN, Joseph REYMEN est connu pour la qualité de ses natures-mortes. Deux éléments de ce tableau caractérisent particulièrement bien notre artiste. Premièrement, le halo bleuâtre revient souvent dans son travail. Ensuite, l’isolement et l’indépendance le guident. Cela se ressent.
L’œuvre - Ode à l’isolement
En premier plan, on perçoit la récolte d’une belle journée de chasse en solitaire. Deux ramiers, un vanneau ainsi qu’un couple de faisans de Colchide la compose. Cette œuvre transpire la profonde liberté de la solitude et le bien-être attenant. Le halo bleu manifeste cette paix intérieure, il s’apparente à la rêverie.
La chasse au petit gibier, seul avec son chien, permet d’arpenter bois, bosquets et champs en toute liberté. Le chasseur, armé de son fusil juxtaposé, cherche le petit gibier afin de le prélever pour se nourrir. Peut-être fouine-t-il chaque recoin afin de trouver autre chose ?
La patience s’avère son allié, au même titre que son meilleur ami renifleur. Une fois le gibier tiré, il faut encore prévoir du temps afin de le vider, le plumer et ensuite le préparer selon sa recette favorite.
Le vin permet d’apprécier pleinement la saveur de ces longues journées dans la nature. Il accompagne aussi parfaitement l’homme dans ses moments de joie, de peine et de réflexion. Il lie les individus depuis le Christ lors des repas de fêtes.
Le fusil, hors de l’étui montre toute la liberté, la confiance d’une époque. Nul besoin de port d’armes, de cadenas, de housse ou de coffre-fort. L’arme est centrale, libérée, canons vers le haut. Elle inspire la confiance et forme une croix avec les plumes de la queue du coq, qui, peut-être, raviront un passionné de montage de nymphe.
En ces temps révolus, les vanneaux recouvraient les plaines humides de nos contrées par milliers. Cette espèce, alors abondante, a été classée depuis comme vulnérable, suite à la disparition presque généralisée de son milieu. Dans les plaines humides encore existantes des Ardennes françaises, subsiste toutefois un art ancestral : la tenderie de cet oiseau emblématique. Quelques chasseurs ou « vagnolis », arpentent encore leurs « glaûyes », des zones humides aménagées, pour y tendre leurs rets. Ils entretiennent ces espaces ouverts et donc, participent au maintien de l’espèce. De rares autorisations de prélèvements leur permettent de perpétuer cette tradition ancestrale.
Le fusil non rangé dans son étui, les canons juxtaposés vers le ciel, la bouteille de vin, les espèces variées, la forêt à l’arrière-plan, le tout invite à la liberté de l’isolement. Cela nous amène à la contemplation de cet unique cadeau de la nature, ce présent de Dieu, ce Dieu présent. Nous sommes invités au retrait d’un monde vide et cadrant. Ce tableau veut nous soustraire des règles actuelles et nous offre l’immense espoir de pouvoir vivre un rêve de quelques instants, celui de renouer le lien avec la nature, se nourrir d’elle.
Julien GOIJEN