Sur les pas de saint Hubert 2024
"Ô saint Hubert, patron des grandes chasses,
Toi qu’exaltait la fanfare au galop,
En poursuivant le gibier à la trace,
Tu le forçais sous l’élan des chevaux.
Nous, les derniers descendants de ta race,
Arrache-nous aux plaisirs avilis,
Emplis nos cœurs de jeunesse et d‘audace,
Dans la forêt, fais nous chasseurs hardis."
Récolte d’automne, 1962, huile s/toile
L’artiste
Jean Julémont fait partie d’une tendance bien connue, celle des intimistes verviétois. Ce courant se caractérise notamment par l’art de l’étude, la méditation et la volonté de percer le mystère des intérieurs et des paysages. Ces peintres donnent aux choses inanimées une vie intense. Ils représentent ces scènes de la vie de tous les jours et cherchent à en pénétrer l’âme …
L’œuvre
Comment pourrait-on penser un seul instant que ce lièvre et ces ramiers inanimés pourraient refléter une quelconque forme de vie ? Rien ne laisserait présager la joie dans cette scène.
Il s’agit là d’un paradoxe de la chasse. Alors qu’une mélancolie accompagne souvent le fait de prélever un gibier, une réjouissance sans commune mesure se prépare. Un repas de roi attend l’auteur de cette scène. La chasse permet à celle ou à celui qui la pratique de goûter aux plus grands délices que la nature peut offrir. Pénétrer l’âme des choses de ce tableau consiste certainement à comprendre que cet acte de mort procure un moment intense de joie vivante aux amis qui vont partager ce civet de lièvre ou ces ramiers au calvados. Quelques raisins et une bouteille de rouge sortie tout droit de la cave rendent cet instant encore plus intime.
Certaines personnes refuseraient peut-être d’y goûter. Heureusement, les acteurs de la tradition savent encore partager le plaisir de cet instant teinté de souvenir millénaire : la simplicité fraternelle d’un repas de chasse.
Julien GOIJEN